jeudi 17 février 2011

les Préraphaëlites

Dante Gabriel Rosseti. Monna Vanna. Conservé à la Tate Gallery. Londres
Réunis dans une confrérie née à Londres en 1848, les Préraphaëlites entendent s'opposer à l'art académique, se réclamant du sens esthétique des primitifs tout en l'intégrant dans la modernité du siècle.
Les premières oeuvres sont empreintes d'un langage vivant et analytique avec une forte tendance au naturalisme et une prédilection pour l'histoire et les fortes émotions romantiques. La confrérie s'intéresse particulièrement aux problèmes sociaux, aux progrès techniques, notamment ceux apportés par la photographie. Elle est composée essentiellement de Dante Gabriel Rossetti, William Holman Hunt, John Everett Millais, et Ford Madox Brown. Ces jeunes hommes, âgés d'une vingtaine d'années sont poussés par une forte volonté de rebellion contre l'exemple "post-renaissance", contre un usage "sale" de la couleur dans la peinture officielle et contre la trivialité de la production contemporaine. John Ruskin sera leur premier défenseur contre la critique.
Leur nom vient de leur rejet de Raphaël et ce tout cet art qui à la recherche de la Beauté, a trahi la vérité et cette dénomination sous entend leur reconnaissance consciente vis à vis de la peinture primitive.
Les éléments qui composent leur peinture : primitivisme et naturalisme qui sont à la base de l'aventure préraphaëlite.
Millais. Ophélie.Executé en 1850-51. Conservé à la Tate Gallery. Londres
Cette toile a polarisé l'attention sur la myriade de plantes et de fleurs riches en symboles sans aucun lien avec le texte de Shakespeare; on y retrouve l'ortie et la marguerite, associés ici à l'amour abandonné, à l'innocence, de même que le coquelicot associé à la mort. Ici c'est l'image spectrale qui domine avec ces femmes aux destins tragiques qui vont hanter les oeuvres des préraphaëlites.
Le monde préraphaëlien se nourrit des poésies de Keats, de Shelley, de Tennyson, il est également dominé par les oeuvres de Chaucer, de Shakespeare et de Dante. Un grand soin est apporté aux paysages qui doivent rendre compte de la "douceur et la verdure de la terre anglaise". De même qu'une attention très particulière est apportée aux costumes qui permettent d'accentuer la mise en scène théâtrale des sujets. Les artistes prennent comme modèles, leurs amis, leurs proches et parfois eux-mêmes. Ils utilisent des costumes inspirés de dictionnaires médiévaux et historiques. La représentation de ces histoires du passé accompagnent en réalité les idées libérales du XIXème siècle avec des thèmes comme l'émigration ou la célebration du travail et les contrastes entre les classes sociales.

Madox Brown. Le départ d'Angleterre. Huile sur bois. 1855. Conservé à Birmigham

La confrérie est extrêmement active, les membres se rencontrent, discutent, échangent et travaillent ensemble et présentent leurs oeuvres pour la 1ère fois en 1849 à Hyde Park. Les spectateurs découvrent leurs thèmes mêlant profane et sacré, sujets venant de l'écrit et de l'actualité, leur uisage des couleurs claires, leur minutie attentive pour les physionomies et les costumes, leur admiration pour la poésie, le romantisme et la mélancolie.

mardi 15 février 2011

les expositions 2011

- Les Romanov et les Esterhazy : Pinacothèque de Paris du 26/01 au 29/05
- Lucas Cranach : Musée du Luxembourg de Paris jusqu'au 23 mai
- Fra Angelico au musée Jacquemart André de septembre 2011 à Janvier 2012
- Le paysage à Rome au Grand Palais du 9/03 au 6/06 2011
- La photographie préraphaélite au Musée d'Orsay du 8 mars au 29 mai 2011
- L'épée, usages, mythes et symboles au Musée de Cluny de Paris du 28 avril au 26 septembre 2011
- Trône en Majesté au Château de Versailles du 1er mars au 19 juin 2011
- Louis de Boullogne au Louvre du 3 mars au 6 juin 2011
- La nature chez le Lorrain au Louvre du 20 avril au 18 juillet 2011
- Dans l'atelier des menus plaisirs du roi jusqu'au 24 avril 2011 aux Archives Nationales à Paris
- Rétrospective Kubrick à la cinémathèque de Paris du 23 mars au 31 juillet
- Et Lutèce devint Paris Crypte archéologique de Notre Dame du 15 mars 2011 au 28 février 2012
- Simon Vouët, un âge d'Or de la tapisserie Française aux Gobelins

La Dame à l'Hermine de Léonard

Huile sur bois. 54 X 39 cm. Conservé au musée Czartoryski (Cracovie)


Le portrait de Cécilia Gallerani, dit la Dame à l'Hermine, caractérise parfaitement le style de Léonard. Acquis par la France à l'époque de la Révolution, il se retrouve au début de XIXème siècle au château de Pulany, en Pologne. Rapporté à Paris en 1830, le modèle reste non identifié jusqu'en 1870, date à laquelle le portrait retourne en Pologne. C'est seulement à cette époque qu'on commence à y voir la "patte" de Léonard, hypothèse confirmée plus tard par des dessins d'études. Mais le modèle n'avait pas encore été identifié, on pensait à une belle de la cour de France.

Le costume avec son décolleté carré, ses manches à crevés et à lacets s'affirme clairement milanais. La belle serait en réalité Cecilia Gallerani, la jeune maitresse de Ludovic Sforza, dit Le Maure. Née en 1473 d'un père ambassadeur mort quand elle avait 7 ans et d'une mère de bonne famille. La jeune femme n'était pas très riche, mais extrêmement bien éduquée et selon les témoignages, d'une grande intelligence. On pense qu'elle devient la maitresse du Duc à l'âge de 14 ans. En 1490, alors que Ludovic devait épouser Béatrice d'Esté (fille du duc de Ferrare) ea maitre de Milan, choisit de vivre avec sa maitresse au château Sforzesco. Bien que la belle soit tombée enceinte, le mariage avec Béatrice eut lieu en 1491 et l'épouse légitime demanda à Ludovic de chasser la maitresse qui s'installa en ville entourée d'un aréopage d'intellectuels, d'artistes... Cécilia mit au monde Cesare Sforza.

Quelques mois après l'accouchement, Léonard reçut la commande pour un portrait permettant de compenser l'absence de son amante auprès du duc.

Chez Léonard, les portraits sont prétextes à une analyse psychologique. Dans ses caricatures, il cherchait à accentuer les traits animaux, qui, conformément à la théorie physionomique héritée de l'Antiquité trahissait tel ou tel trait de caractère. Le visage d'une vieille femme dessiné par Léonard et dont la seule copie par Melzi, à la sanguine nous est parvenue, évoque tant la bassesse de l'âme qu'il est repris au XIXème siècle dans une illustration d'Alice au Pays des Merveilles pour évoquer la Reine de Pique.


Caricature, copie d'un dessin de Lénoard par Melzi, vers 1510.

Dans le cas de la Dame à l'Hermine, il s'agit ici, d'évoquer plutôt une narration. L'effet de lumière qui construit le portrait, donne l'impression qu'une porte vient de s'ouvrir dans la pièce sur un personnage attendu et aimé. Le jeu de lumière et d'ombre (ombre sur les perles du collier ou sur la main) crée un effet de réel. On devine sous les doigts de la jeune femme, le coeur palpitant du petit animal effrayé par l'instrusion. La douceur de la caresse, la sérénité du visage qui esquisse un sourire sont autant de promesse à l'amoureux qui vient d'entrer.
Mais l'oeuvre renvoie également à une plus subtile symbolique. En effet, Léonard écrit dans ses notes : " l'hermine, en raison de sa tempérance se laissera plutôt prendre par les chasseurs que de se réfugier dans un terrier boueux afin de ne pas entacher sa pureté". Pureté, tempérance, virginité sont des vertus associées à l'hermine à la Renaissance. La chasteté déclarée du modèle ne fait qu'érotiser encore plus le tableau. L'hermine renvoit par ailleurs à d'autres jeux intellectuels. En effet, en grc, galè (1ère syllabe de Gallenari) signifiait "belette", les humanistes appréciaient particulièrement les jeux de mots cachés. D'autre part, Ludovic avait reçu du roi de Naples, le prestigieux Ordre de l'Hermine.
Tenant dans ses bras cet animal aux aguets et aux griffes acérées Cécilia porte la puissance aristocratique de son amant qui ne se laissera pas prendre par ses nombreux ennemis.
Malheureusement pour lui, cette prédiction ne se réalisera pas, après la conquête du Milanais par les français en 1499, Ludovic finit sa vie enfermé dans un donjon où il sombre dans la folie.
Cécilia est mariée au Comte de Crémone en 1492 et continue à tenir salon à Milan jusqu'à sa mort.