mercredi 19 janvier 2011

Le Pérugin. St Sébastien

Huile sur bois de 1490. 176 X 116 cm. Conservée au Musée du Louvre
Le Pérugin serait né en 1445 et mort en 1523 dans l'une des familles les plus riches et les plus influentes de Città del Piave, un bourg fortifié du territoire de Pérouse. Pérouse était à l'époque un important centre urbain plein de vitalité qui consacrait de fortes sommes à la réalisation d'oeuvres d'art publiques et privées.
C'est également l'époque qui bénéficie d'une évolution importante vers de nouvelles formes, de nouvelles conceptions de la lumière, de la disposition dans l'espace et de la perspective héritée de Fra' Angelico ou de Gozzoli.
On sait que Le Pérugin part très tôt pour Florence et que ce séjour est décisif dans sa formation dans l'atelier du Verrocchio (orfèvre, sculpteur et peintre) où il rencontre Ghirlandaio ou Filipino Lippi. La formation du Perugin doit également beaucoup à Botticcelli et qui se trouvait également au même moment en apprentissage dans l'atelier du Verrocchio. A l'époque, il était prévu que l'aprentissage dure 9 ans et c'est en 1472 que Le Pérugin s'inscrit à la Compagnie de St Luc, congrégation qui réunit les "Hommes qui exercent l'art de la peinture", fondée pour protéger les intérêts des peintres et leur garantir une certaine autonomie. Le Pérugin commence à exercer dans les grands centres de l'art (Rome, Venise, Florence, Pérouse).
Le Pérugin est un entrepreneur avisé, il gère deux ateliers, l'un à Florence et l'autre à Pérouse, il aura notamment comme apprenti, le jeune Raphaël et de nombreux peintres qui vont diffuser son style et son langage artistique. Afin de faire face à de nombreuses commandes simultanées, il faisait trainer les travaux et avait organisé au mieux ses ateliers pour diffuser ses idées novatrices et originales.
Ses idées atteignent un classicisme pur et formel, caractérisé par un équilibre serein des compositions, un dessin élégant, des couleurs claires et une grande utilisation de la lumière.
Son Saint Sébastien, peint en 1490, devient rapidement un prototype idéal pour les commandes liées à la dévotion privée. Ce saint devient presque le symbole du Pérugin. Le corps est frèle et caressé d'une savante lumière, la parfaite anatomie montre la grande connaissance du peintre. le jeune homme lié à une colonne est transpercé de flèches mais ne montre aucune douleur. L'ensemble chromatique s'oriente vers des nuances parfaitement maitrisées.
D'autres oeuvres majeures du Pérugin

La remise des clés à St Pierre. Chapelle Sixtine. Vatican
Le mariage de la Vierge. Huile sur bois. Musée des Beaux Arts de Caen.

La composition présente un axe de symétrie central et vertical, avec au centre de cet axe une rotonde régulière qui accentue l'effet de symétrie. On a une construction en perspective qui consiste à reproduire de la 3D sur un support en 2 dimensions. Le peintre montre ici son savoir-faire, sa connaissance de la perspective. Il a une grande conscience de sa valeur et de ses connaissances. La période de la Renaissance est celle de l'intellectualisation de l'espace et des éléments entre eux. Le sujet du tableau : Marie très pieuse devait se marier; le prêtre choisit les prétendants celui qui doit l'épouser. Il avait demandé à tous de venir avec un petit bâton, sur celui de Joseph, une fleur pousse, c'est lui qui sera choisi par le prêtre pour être l'époux de Marie. Le peintre choisit de mettre en scène un moment surnaturel dans un environnement rationnel avec des personnages qui s'inscrivent dans une architecture mathématique. Les vêtements des personnages sont anachroniques, ils sont répartis de manière ordonnée, on les distingue par des contrastes de couleurs avec une grande volonté de clarté.

Le Pérugin meurt de la peste en 1523 alors qu'il travaillait à un petit tableau dans l'oratoire de l'Annunziata. Son dernier message va dans le sens d'un renouveau d'où émerge un artiste complexe, capable de s'adapter à ses commanditaires mais sans jamais se départir de son caractère et de sa fantaisie créatrice.