mardi 17 mai 2011

L'Agora Romaine d'Athènes

Les photos et les illustrations sont de moi, vous pouvez en disposer comme vous le voulez. 
Le forum romain d'Athènes est un édifice de 111 X 98m avec un large espace rectangulaire entouré de stoas (portiques) de boutiques et de garde-mangers. Il avait deux propylées (portes monumentales), celui de l'ouest, connu sous le nom de Porte d'Athéna Archegète (la Fondatrice), porte dédiée par le dème d'Athènes aux environs de 10/11 av. JC est d'ordre dorique. L'autre porte a des colonnes d'ordre ionique en marbre hymétien et pentélique. Le pavement a été effectué sous le règne d'Hadrien (117-138).
L'agora romaine aurait été détruite lors du raid des Heruliens en 276. L'endroit, au fil du temps a été recouvert de sable et de terre, et aux périodes byzantines et post-byzantines des habitations se sont installées sur les lieux, ainsi que des boutiques et des églises. 

Les restes d'un édifice longtemps appelé "Agoranomeion" sont visibles mais son identification actuelle n'admet plus cette dénomination. Il est situé au sommet d'une large volée de marches, est surmonté de trois arcades et l'inscription sur l'épistyle le dédie à Athéna Archegete et au Divin Auguste.
L'un des édifices les plus importants du forum est l'Horologion de Kyrrhestos ou Tour des Vents. Cette tour a été construite par l'astronome Andronikos de Kyrrhos en Macédoine. C'est une tour octogonale en marbre pentélique qui repose sur une base de trois marches. Elle avait une couverture conique, une annexe cylindrique au sud et deux propylées.
Horologion (restitution)
Une girouette en bronze ornée d'un triton (aujourd'hui disparue) surmontait l'édifice et indiquait les directions des vents dont les personnifications sont sculptées sur les parois. Leurs noms sont inscrits au sommet de la corniche.

Les rayons d'un cadran solaire sous chaque personnage permettent de donner les heures, et à l'intérieur de l'édifice se trouvait une clepsydre qui était actionnée par de source d'eau descendant de l'Acropole. A l'époque paléochrétienne, le monument a été utilisé comme chapelle et devint un monastère derviche au XVIIIème siècle.     

mardi 19 avril 2011

La Maison Carrée de Nîmes.

Les photos sont une nouvelle fois, d'Hélène, merci de vous adresser à elle pour les utiliser ;)
Dans toutes les cités de l'Empire, la parure urbaine est le résultat de l'évergétisme : il s'agit pour les notables, de faire profiter la collectivité de leurs richesses ; le premier évergète de l'Empire étant l'Empereur.
La Maison Carrée est dédicacée aux consuls Lucius et Caius Caesar, fils et petit fils adoptifs d'Auguste. Edifiés sur le forum, les temples en général sont dédiés au culte impérial et destinés à une divinité. C'est un édifice d'un sanctuaire fermé par un mur de péribole avec une aire sacrée offerte à une divinité qui rappelle la puissance impériale. Le temple abrite la statue de la divinité dans une cella; les temples romains sont toujours construits sur des podiums ils dominaient le forum. La Maison Carrée de Nîmes, faisait face à la curie.
Le temple, inspiré du temple d'Apollon à Rome, mesure 27 X 15 X 17 m ; il est composé de 30 colonnes ornées de chapiteaux corinthiens décorés de feuilles d'acanthe.
Les romains considèrent l'architecture et l'apparence d'une cité comme un miroir du pouvoir de l'Empire, c'est pour eux une vitrine de la civilisation, ils exportent partout un savoir-faire et une technique. Influencés par l'art hellénistique, ils adaptent les caractéristiques de cet art.

Les romains ont importé les ordres grecs mais chez eux, la colonne a un usage décoratif, elle contribue au jeu d'ombres et de lumières, crée du relief, du rythme mais chez les romains c'est une architecture de façade.  

A la chute de l'Empire, l'édifice a été utilisé tout au long de l'histoire. D'abord comme salle de délibération puis comme chapelle au XVIème siècle. A la Révolution, elle sert de préfécture puis devient salle d'archivage. Au milieu du XIXème siècle, la Maison Carrée devient un musée. Son utilisation ininterrompue, est peut-être ce qui a permis sa conservation.

vendredi 1 avril 2011

Hokusai

Hokusai. Une Carpe
Estampe. 35,7 X 16,3 cm
Conservée au Musée Guimet (Paris)
Les estampes aux sujets profanes qui apparaissent au XVIIème siècle sont une véritable révolution dans l'art japonais et permettent leur diffusion dans le monde occidental. Elles sont imprimées en grand nombre grâce à la xylogravure (sur bois). Cet art se développe pour de nombreuses raisons; il est l'expression de l'émergence d'une classe de marchands toujours plus influente et d'une population urbaine croissante; ces 2 classes sociales avaient peu de connaissances en matière d'art classique mais commencaient à jouer un rôle essentiel dans la société. Elles trouvent dans cet art aux sujets du quotidien, un moyen de s'exprimer et de valoriser leurs activités. Les premières estampes en noir et blanc remontent au XVIIème siècle et deviennent rapidement polychromes grâce à l'application successive de planches de bois sur lesquelles on a appliqué la couleur et que l'on pose une par une sur la feuille.
C'est un genre qui a longtemps été sous-estimé puisque considéré comme l'expression de la culture populaire contrastant avec la culture de la cour et des samouraïs. A son origine, l'estampe est considérée comme une forme d'artisanat fonctionnel servant par exemple à faire des affiches pour les représentations théâtrales. Ce genre graphique n'a trouvé son espace culturel au japon qu'au début du XXème siècle. Certaines de ces affiches influencent très rapidement les artistes occidentaux qui découvrent la valeur artistique de ces estampes.
La papier sur lequel se font les estampes est obtenu à partir de la plante du mûrier. Les gravures sur bois sont obtenues à partir de teintures végétales, on rajoute parfois des teintures au mica ou des pigments métaliques pour produire des effets particuliers.
Si les premières estampes ont des motifs religieux, très rapidement, la facilité de leur fabrication et la modestie de leur prix en permettent la diffusion et la variété des motifs qui y sont représentés : aventures sentimentales, acteurs en vogue, chroniques de la vie quotidienne ou créatures des "quartiers sans nuit"... Ces estampes acquièrent leur véritable lettres de noblesse et sont un choc culturel en occident. Le japonisme se diffuse comme une véritable mode. Les peintres et graveurs découvrent des propositions originales de couleurs, disposition, mise en page et perspectives qui vont bouleverser le paysage visuel notamment auprès des impressionnistes et de Claude Monet dont la collection personnelle comptait plus de 250 estampes. Van Gogh quant à lui possédait plus de 400 estampes.
Van Gogh. Le Pont sous la Couleur de Pluie
Conservé au Van Gogh Museum (Amsterdam)

mercredi 23 mars 2011

Le trésor de Notre-Dame de Reims

Le manteau du sacre de Charles X
Ce manteau est en soie et velours brodés de fleurs de lys de fils d'or et d'argent, il est doublé et orné d'hermine.
Copie de la couronne du sacre de Louis XV
Reliquaire de la Sainte Ampoule
Talisman de Charlemagne
Il s'agit d'un reliquaire en forme d'ampoule en or repoussé, incrusté de pierres précieuses daté des environ de 800, conservé dans le trésor de la cathédrale Notre-Dame de Reims.
L'époque carolingienne connait une grande création en matière d'orfèvrerie. Les matériaux se chargent des vertus et significations supérieures à la matière elle-même. Ainsi l'or brille de tout son éclat dans la liturgie, en l'honneur de dieu mais aussi au service du souverain. L'or en effet, est une offrande au dieu, il est également l'équivalent de la lumière divine et reflète la majesté terrestre qui en dérive. Sous Charlemagne, les églises sont dotées de nombreux objets qui traduisent la munificence princière : châsses, ciboires... La conviction qui anime cette période est que la gloire de dieu ne peut être mieux célebrée que par l'orfèvrerie et les pierres précieuses. Charlemagne est immensément riche, notamment grâce à son butin de guerre contre les Avars, il fait des dons considérables en métal précieux travaillé aux églises, cathédrales...
Le talisman dit "de Charlemagne" est censé avoir été pris au tombeau de l'empereur par Otton III puis conservé dans la cathédrale d'Aix la Chapelle d'où il a été rapporté à Reims en 1804 par Napoléon. Il s'agit d'un reliquaire pectoral relié par une chaine appartenant au genre des ampoules de pélerins orientales. La relique était enchâssé parmi des pierres, saphirs et émeraudes. La monture renferme deux cabochons transparents.

lundi 21 mars 2011

La cathédrale Notre-Dame de Reims

Les photos sont de moi, vous pouvez en disposer comme il vous plait ;)

La cathédrale Notre-Dame de Reims
Façade ouest de la cathédrale
Le terme "gothique" apparait chez les humanistes italiens de la Renaissance dès la fin du XVème siècle et notamment chez Vasari. En effet, architecturalement, l'Europe du Nord est encore au Moyen-âge alors que l'Italie est entrée dans la Renaissance. Le regard des italiens, sur cet architecture qu'ils considèrent comme "barbare" est péjoratif. Ils la considèrent comme mal dégrossie, faite de formes irrégulières. Ce terme perdurera jusqu'au XIXème siècle, période des nationalismes durant laquelle le "gothique" acquiert ses lettres de noblesse puisqu'il répond à des spécificités identitaires. De nos jours, le regard est plus nuancé et témoigne plus d'un état d'esprit que d'une forme géomêtrique qui répond à une sensibilité religieuse et à un dialogue entre les supports (architecture, sculpture, orfèvrerie...)

L'art médiéval n'est jamais gratuit, il a une nécessité et est réalisé sur commande par les rois, princes, ecclésiastiques, les corporations... Les commaditaires ont des motivations différentes qui se reflêtent dans les oeuvres, elles sont politiques, religieuses, familiales, démagogiques... Ces motivations reflètent les préoccupations et les contextes qui influencent le gothique.
La cathédrale Notre-Dame de Reims est conçue dans un contexte de bouleversements poltiques et économiques qui influencent l'architecture religieuse au XIIème siècle. C'est l'époque du renforcement de l'autorité du roi avec les règnes de Louis VI et Louis VII. Le royaume de France s'agrandit et les richesses s'accroissent.
Le chantier gothique de Reims est lancé en 1211 dans la cathédrale du sacre des rois de France, il représente un parti important pour les souverains capétiens. C'est un chantier royal qui surpasse tous les chantiers précédents.
L'édifice fait 150m de long, la hauteur sous voûte est de 38m. Son architecture est influencée par le chantier révolutionnaire de la cathédrale de Chartres. Les architectes cherchent à unifier le bâtiment, à rendre l'élévation harmonieuse, notamment par les piles cantonnées. On cherche à raisonner autour du chapiteau.

Nef de la cathédrale
Chapiteau et fenêtre-châssis
Reims est un grand chantier d'innovation. En effet, jusque là, on montait les murs des édifices d'une traite; ici on construit les supports et les murs et on laisse un espace vide; on monte ensuite les pierres de la fenêtre puis on place la maçonnerie qui est autonome du mur. Ces nouvelles techniques traduisent l'audace et la maitrise des architectes. Cette innovation permet le développement de l'architecture rayonnante. A partir du chantier de Reims, les fenêtres occupent toute la largeur des travées et de plus hautes fenêtres peuvent être installées.
Travée et fenêtre-châssis
La sculpure représente également un élément d'une grande importance. Elles sont élaborées à différentes phases entre 1225 et 1265.
Sculptures et vitraux au revers de la façade ouest
Le revers de la façade est entièrement orné de sculptures et de vitraux représentant les Prophètes de l'Ancien Testament, des scènes de l'Annonciation, de la Rencontre d'Anne et de Joachim à la Porte Dorée, l'histoire de St Jean Baptiste...
Dans la moitié du 12ème siècle, la sculpture en général montre des signes d'observation de la réalité, on tente de la transcrire dans la pierre. La figure humaine connait également un nouveau traitement avec une observation de plus en plus poussée et une volonté de transcrire les expressions. On tente de varier les attitudes, la forme des vêtements, les figures sont détachées des supports, avec une plus grande liberté de mouvement.
Les sculptures de ce siècle présentent une caractéristique appelée Muldenfalstenstil ou Style 1200, c'est un style de transition entre l'art roman et l'art gothique qui offre des repères de la préoccupation des artistes de l'époque : la recherche de réalisme et une tendance antiquisante dans la façon de traiter les drapés.

Ange au Sourire
La cathédrale de Reims représente le chantier type du gothique classique avec l'affirmation du pouvoir royal, le renouveau spirituel qui touche tous les supports, l'apparition d'un nouveau langage architectural et d'une nouvelle vision sculptée. On assiste à un glissement de l'artiste vers la créature qui se traduit par l'humanisation des figures sacrées. On assiste à une nouvelle ferveur vis à vis de la Vierge et de son caractère d'intercesseur vis à vis de Dieu et du Christ.





lundi 14 mars 2011

Le tympan du portail du Prieuré St Fortunat de Charlieu (42)

Les photos proviennent de la collection privée d'Hélène,  http://tatalelene.blogspot.com/ que je félicite pour ses bien belles photos ma foi ;) Merci de la contacter si vous souhaitez utiliser ces photos.
L'abbaye de St Fortunat est une abbaye rattachée à l'ordre clunisien. Elle avait été fondée au VIIIème siècle par des moines venus de Touraine. Une importante communauté se développe au Xème siècle atour de l'édifice et un bourg se forme qui se place sous la protection du monastère. 
Il ne subsiste que le narthex de cette église romane du XIIème siècle qui remplaçait un édifice plus ancien fondé au IXème siècle. La qualité du décor sculpté nous permet d'imaginer la richesse de la statuaire de l'ensemble de l'édifice.
Le portail occidental à l'intérieur du narthex ouvre sur un espace vide que l'imagination peut reconstruire. Quatre arcades en plein cintre faites de simples claveaux forment une couronne solaire autour d'un tympan extrèmement simple dont les visages ont été martelés par des iconoclastes en 1793. Deux des voussures s'appuyent sur des colonnes à chapiteaux ornés de motifs végétaux.
Chapiteaux ornés de végétaux
Linteau présentant les Douze Apôtres

Grand Tympan
Le linteau montre les Douze Apôtres mutilés assis chacun sous une arcature en plein cintre. Au dessus, le Chist en gloire bénissant, tient le Livre de Vie dans la main gauche. La mandorle est maintenue par deux grands anges qui l'entrainent vers les cieux. Ils déploient leurs ailes dans l'espace disponible du tympan, leur visage de profil regardant le Christ.
Christ en gloire
C'est une représentation classique de l'Ascencion, mâtinée de la figure du Christ Juge des Temps.
Curieusement, deux portails côte à côte et d'inégale grandeur, occupent le côté nord du narthex dans une disposition unique. La statuaire est particulièrement remarquable et témoigne de l'activité d'un artiste de forte personnalité maitrisant parfaitement son art.
Le grand portail mêle plusieurs thèmes de l'iconographie chrétienne médiévale. Celui de l'Ascension identifiable avec la présene des Douze Apôtres, formant le collège apostolique, témoin du mystère en train de s'accomplir. Cependant, ici s'y ajoute la présence de la Vierge escortée de deux anges en position centrale. Mais, alors que les personnages sont habituellement présentés debout, y compris le Christ, indiquant que l'évènement a lieu ici et maintenant, le sculpteur les montre assis aux pieds d'un Christ pantocrator installé dans une mandorle perlée dans une disposition qui évoque son statut de Juge de la Fin des Temps. En effet, le tétramorphe accompagne les deux anges venus chercher le Christ sur terre.
De part et d'autre du tympan, la luxure et les fondateurs de Charlieu sont représentés.
La Vierge entourée des deux anges
L'encadrement est à l'image du tympan, d'une très grande richesse. L'archivolte interne et ciselée d'une série de palmettes; au dessous, se déploie un large damier et le sommet est couronné par un arc de roses perlées que semble brouter l'Agneau Pascal.
Agneau Pascal surmontant le Grand Tympan.
Le tympan surmontant le petit portail
Ce tympan présente une composition savante. Il mêle également plusieurs thèmes pour en montrer la résonnance symbolique. Il met en scène, dans une composition dynamique, les Noces de Cana. Le traitement est identique à celui de la Cène dont elles sont la préfiguration. Le Christ, placé au centre entre l'époux et l'épouse joue son propre rôle dans sa relation avec l'Eglise. Pour bien montrer l'aspect mystique de ces noces, la table est placée sur un rang d'arcades, maintenue par des piliers évoquant également l'autel d'une église. Par les éléments présents sur la table on peut faire le lien avec la multiplication des pains et des poissons qui préfigurent la Cène.

Les Noces de Cana
Le linteau montre un banquet antique (avec notamment le personnage de droite qui se sert du vin dans un petit tonnelet), ce choix de banquet antique permet de marquer la différence entre orgie et desftin mystique. Sur la voussure, le Christ trône au sommet de l'arc. Il est rrès abimé mais on le reconnait grâce à l'auréole crucifère. Les personnages qui l'entourent sont ceux qui assistent à la Transfiguration ainsi que l'écrit Matthieu (17, 1-13). Elie est à ses pieds, en adoration angélique; Jacques et Jean sont à sa droite, Pierre et Moïse à sa gauche. Sur le corbeau de droite, le Christ romp le pain avec les pélerins d'Emmaüs, geste qui complète ce tableau consacré au partage et à la communion. 

mardi 8 mars 2011

La Marseillaise de Rude

Le Départ des Volontaires. 1833-1836. Haut relief de l'Arc de Triomphe
Place de l'Etoile. Paris
Cette sculpture réalisée par Rude est l'une des plus célèbre du XIXème siècle, elle va forger la renommée de l'artiste et influencer de nombreux artistes contemporains jusqu'aux ruptures du XXème siècle. Cependant, elle a servi de nombreux discours idéologiques bien éloignés des intentions de son créateur tant elle a été utilisée, manipulée et détournée. Mais en retour, elle contribua à façonner l'image de Rude telle que l'historiographie nous l'a léguée, celle d'un chantre de l'épopée révolutionnaire. 
Voulue par la Monarchie de Juillet, le Départ des Volontaires est d'abord un choix politique  renouant avec la Grande Révolution dans l'esprit de juillet 1830. C'est un choix patriotique permettant de satisfaire l'opinion républicaine tout en légitimant la monarchie constitutionnelle, modèle du régime de Louis-Philippe, en insistant sur l'histoire de ses origines. Le Départ, renvoyait à Valmy, première victoire de la France révolutionnaire contre les monarchies coalisées. Louis-Philippe aimait à faire savoir qu'il avait participé à cette bataille fondatrice comme à celle de Jemmapes. Le recours à cette inconographie est donc conforme à son régime. On peut trouver une iconographie commune avec La Liberté Guidant le Peuple de Delacroix (1831) notamment dans le geste du bras tendu représentant politiquement le mouvement, le progrès en amrche. La gestuelle est commune aux 2 oeuvres.
Delacroix. La Liberté Guidant le Peuple. 1831.
Huile sur toile de 260 X 325 cm. Conservée au Louvre
L'analogie avec la scupture de Rude semble d'autant plus fondée puisque les esquisses de Delacroix avaient pour but de glorifier la Grèce insurgée contre la domination turque et représentait une allégorie du peuple prenant les armes pour son indépendance. Cette icinographie d'une femme quasi-divisinée incarnant l'idée de la Nation guidant le peuple se retrouve dans la culture commune de nombreux artistes.
Isidore Pils. Rouget de l'Isle chantant la Marseillaise
757 X 600 cm. Huile sur toile conservée au Musée Historique de Strasbourg
Cette iconographie correspond au même code visuel du bras levé qui signifie l'enthousiasme. C'est une image très diffusée sous la IIIème République, elle devient porteuse de l'emblême de l'hymne national.
La réussite de Rude est de faire correspondre dans la même oeuvre une allégorie de la guerre et un évènement historique de la geste nationale renvoyant à une épopée moderne. Cependant, il n'a pas recours aux vêtements de la Révolution mais garde un mode allégorique. Il crée une sculpture morale dont les modèles sont tirés non plus de l'Antiquité mais de l'histoire moderne tout en combinant l'idéal de la nudité héroïque de l'Antique et le "genre celtique" c'est à dire gaulois. Les types physiques, les costumes et accessoires sont issus de la mode ossianique populaire sous le Consulat. Rude transpose ainsi l'action historique des volontaires de 1792 dans une antiquité gauloise, à la fois nationale et mythique.
Le modèle grec, redécouvert par Lord Elgin inspire également les artistes. Les mouvements sont directement inspirés des sculptures de Phidias au Parthénon.
Reconstitution de la frise est du Parthénon.
Querelle de Poséidon et Athéna
Très rapidement cette sculpture de Rude entre dans l'imaginaire collectif et à chaque situation de péril national, les politiques font appel au Départ des Volontaires pour conjurer les défaites ou soutenir les efforts de guerre.
Raoul Dufy. Les Nations alliées pour le triomphe de la Liberté
La Marseillaise de Rude sert ensuite un tout autre propos politique, elle devient une allégorie du peuple ouvrier sous la plume de Steinlen, la figure féminine lève le bras qu'elle a libéré de ses chaines, elle devient une Marianne du prolétariat.
T. A. Steinlen. La Libératrice
La figure féminine qui possède encore toute sa force, ici est associée à une idéologie de changement social.
Cette image ressurgit au moment de la Grande Guerre et se retrouve sur de nombreuses affiches appelant à l'engagement. Elle sera également utilisée durant la seconde Guerre Mondiale.
Affiche destinée à l'engagement
Conservée au Mémorial de Caen
Cette figure sera également récupérée par les extrèmes-droites qui en font une image idéale de la France.

L'outrance et parfois une certaine forme d'abstraction, ont permis l'utilisation à des fins de propagande dès la fin du XIXème siècle d'une sculpture que son créateur avait voulu le symbole d'une guerre juste. Mais l'exploitation de cette figure populaire permet de découvrir une relecture de l'histoire nationale et introduit l'idée d'une trahison; c'est parce que l'idée de Rude a pu être subvertie et pervertie que son appropriation par la république comporte une tell charge émotive.